Consulter en ligne

Consulter en ligne

Doliprane, le village gaulois à sauver

C’est un comble ! Le Doliprane est en train de donner des maux de tête aux membres du board de Sanofi. Alors que la big pharma française vient de publier des résultats insolents de bonne santé, avec une envolée de plus de 10 % de ses ventes au deuxième trimestre (à taux de change constant), la cession d’Opella, la division santé grand public dont l’antalgique Doliprane est le produit vedette, oblige les dirigeants de Sanofi à danser sur un volcan.
Selon nos informations, relayées dès mardi sur le compte LinkedIn d’actulabo, Advent International tiendrait la corde pour le rachat des médicaments de la franchise Opella. Le fonds américain, qui avait empoché en 2018 Zentiva, la division génériques de Sanofi, serait le mieux-disant, aurait la préférence du CEO Paul Hudson… et une bonne longueur d’avance sur les deux autres prétendants de la short list dévoilée il y a une dizaine de jours, Clayton Dubilier & Rice (CD&R) et le français PAI Partners. L’ex-Paribas Affaires Industrielles, le plus modeste des trois acteurs, ne s’avoue toutefois pas vaincu et aurait embarqué Bpifrance dans l’aventure : la banque publique serait même prête à investir 1,5 Md€, soit environ 10 % du montant de la vente attendu par Sanofi.
Comment concilier l’intérêt économique, qui fait pencher la balance en faveur d’Advent, et les impératifs de souveraineté sanitaire, qui remettent PAI Partners dans la course ? En clair, le Doliprane peut-il devenir américain alors que l’Etat français subventionne à coup de dizaines de millions d’euros la relocalisation du paracétamol ? Une entorse à la règle absolue du « en même temps » chère à Jupiter.
Pour ménager la chèvre et le chou, et la susceptibilité de Bercy, une idée fait son chemin. Scinder le business du Doliprane (424 millions de boîtes livrées l’an passé, ce qui représente à peu près 500 M€ de ventes annuelles) du reste des actifs (Aspégic, Maalox, Lysopaïne, etc.). Cette partie, qui assure l’écrasante majorité des ventes d’Opella (5,18 Md€, avec une perspective de hausse de près de 10 % en 2024), reviendrait à Advent, tandis que le Doliprane, auquel pourraient s’ajouter Dolirhume, ainsi que le traitement de la constipation Dulcolax et les deux usines françaises de Lisieux et de Compiègne, feraient l’objet d’un traitement séparé pour rester à capitaux français. Il n’est pas exclu qu’un consortium, comprenant PAI Partners, Bpifrance et peut-être Sanofi pour une part résiduelle, s’engage pour conserver sur le sol national ce symbole de la pharmacopée tricolore. Les Américains achèteront-ils Opella avec ou sans Doliprane ? On pourrait connaître très vite la réponse, peut-être à l’issue du conseil d’administration de ce soir. Advent que pourra…

Partager l’article

LES DERNIÈRES INFOS

LA LETTRE BI-MENSUELLE

Depuis 2003, la lettre confidentielle
bimensuelle
livre en avant-première les informations sur l’industrie du médicament. 

LES SUPPLÉMENTS

Depuis 2009, des numéros hors-série destinés à tous les professionnels de l’industrie du médicament.